Le bateau-fantôme
On a la même histoire qu'arrive tous
les ans su la côte de Gaspé, j'crois. J'sais
qu'c'est la côte par Campbellton, par là, par
Bathurst. On a lu c't'histoire-là différentes
fois pis on a lu ça comme cent fois à c't'heure.
Quand ça arrive l'automne, dans l'mois
d'novembre, quand les « storms » d'la mer s'élèvent,
que l'monde arrête de pêcher le homard. C'est
dans l'mois de novembre, ça, à la fin d'octobre,
novembre. Le soir, quand c'est brumasseux, y a un gros «
boat » qui vient, toutes les « lights »,
pareil comme les temps passés quand c'est qu'les goélettes
passaient avec des voiles. Pis i voyaient des hommes. Ça
court pareil comme quand c'est ben « busy ». Pis
quand ç'arrive proche d'la côte, pas trop loin,
le feu prend dans les voiles. Ca s'met à brûler
pis ça tombe à l'eau par morceaux dans la rivière.
Pis voir les hommes, ça court. Pis tout d'un coup,
ça disparaît. C'est ça l'histoire que
j'ai entendu parler des fantômes de bateau. On l'a pas
vu, nous-autres.
On n'a jamais été là,
mais j'ai li ça su l'papier.
Catherine Jolicoeur : Ça s'parlait-il
par chez-vous?
Ah oui, parce que y avait beaucoup d'monde
de par là, pis ça s'promène. À
c't'heure, les touristes en été : du monde de
Bathurst tu les trouves en été à Shédiac
ou à la Nouvelle-Écosse ou à Moncton.
Mon homme a été un pêcheux d'homards toute
sa vie. I a pêché comme cinquante ans, lui. I
pêchait l'homard pis i-eux arrivait d'quoi su l'eau,
des grosses tempêtes.
Mme Edgar R. Cormier (67) née Léonie
Goguen
Moncton (Westmorland) NB
1976
Collections Catherine Jolicoeur
Université de Moncton, Centre d'études acadiennes,
Fonds Catherine-Jolicoeur, 63.012
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