Le bateau-fantôme
Il m'a dit qu'il voyait le bateau-fantôme
à toutes les années et il donnait la date :
le vendredi 13, de dix heures à minuit tous les soirs,
tu pouvais aller le oir. Ils l'ont vu brûler, lui pis
ses deux garçons. Quand son garçon
a venu de l'Ontario, moi je coyais pas le pére, pis
i m'a dit, c'est la pure vérité.
Catherine Jolicoeur : Comment est-ce qu'il
s'appelait, ton beau-père?
Augustre Landry. Il a resté 12 ans
sur l'Île au Héron. Ils l'ont vu trois fois dans
un an.
C.J. Est-ce que ça bougeait ou que
c'était toujours à la même place?
C'était tout le temps à la même
place. I voyaient les câbles brûler, ils voyaient
les matelots. I entendaient pas de bruit, ni rien. I brûlait.
I l'a vu un soir qu'i était dehors pis i a rentré
à la maison chercher son frére, celui qui reste
à Campbellton, pis l'autre, qui reste en Ontario. I
ont été voir ça. À la gang, i
l'ont vu.
C.J. Comment est-ce qu'ils pouvaient expliquer
ça?
J'sais pas. Eux-autres appelaient ça
le bateau-fantôme. Les vieux disent que c'était
un revenant.
C.J. Te rappeles-tu qu'est-ce que les vieux
disaient, à part les revenants, pour expliquer ce phénomène-là?
Eux-autres disaient que c'était un
bateau-fantôme. Ils donnaient pas d'autre explication
que ça.
C.J. Il venait d'où ce bateau-fantôme?
Ils savent pas. Ils pensent que c'est un bateau
qui a brûlé y a longtemps pis qu'i revient pour
demander des prières ou c'est une permission du bon
Dieu. I savent pas quoi c'que c'est. C'est ce qu'i disent,
moi je le sais pas.
Yvon Bossé (37)
Nouvelle (Bonaventure) Québec
1976
Collections Catherine Jolicoeur
Université de Moncton, Centre d'études acadiennes,
Fonds Catherine-Jolicoeur, 63.012
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