Le bateau-fantôme de 1922
Quatre enfants de ma famille allaient au pensionnat
de Dalhousie et, en hiver, nous allions les chercher pour
Noël. En cette année 1922, je suis allée
en traîneau et cheval conduits par mon frère.
Tout à coup, je vois un bateau tout
en flammes. J'en avais déjà entendu parler,
mais là, je le voyais. Les matelots montaient dans
les mâts. Je n'entendais pas de cris, mais des gens
m'avaient dit avoir entendu des cris. Je me suis retournée
vers mon frère pour lui dire de regarder. Quand je
me suis remise à le regarder, je ne voyais plus rien.
Mon père a regardé et a dit :
« Mon doux, c'est le bateau-fantôme!
»
Et moi, je ne le voyais, mais je l'avais si bien vu que j'y ai cru. Ce bateau ressemblait à une grosse barge avec des mâts et des pavillons. C'était tout en flammes, mais on distinguait les mâts qui brûlaient tous. Il y en a plusieurs qui l'ont vu au même endroit; une grosse barque par l'entrée de Dalhousie. Des gens ont entendu des mères de famille qui criaient et qui pleuraient vu le feu qui ravageait. Moi, j'ai vu deux ou trois hommes qui montaient dans les mâts. On aurait dit qu'ils voulaient éteindre le feu.
Quelqu'un disait que c'était les pirates
qui avaient volé les églises. Ils entraient
partout où il y avait quelque chose en or pour le voler.
Ils ont été punis.
D'autres disent qu'ils parlent comme un mirage
que l'on ne peut expliquer. C'était des pirates, punis
parce qu'ils étaient malhonnêtes.
Il y en a qui l'ont vu dans les nuées
et il ressemble à celui que j'ai vu. Il paraît
en automne et on dit que c'est un signe de tempête.
C'est vrai parce que nous avons eu une grosse tempête
à Noël.
Inconnu
Université de Moncton, Centre d'études acadiennes,
Fonds Catherine-Jolicoeur, 63.355
|