Le bateau-fantôme
Vers 1915, j'ai vu, à Bathurst (NB),
un bateau en feu. On voyait les mâts et les barres à
travers le feu. Les vieux disaient que c'était des
gens qui venaient des vieux pays et qui ont eu à affronter
une tempête dans la Baie des Chaleurs. Au lieu de se
mettre à l'abri dans un havre, ils ont bravé
la tempête et ont dit qu'ils passeraient pareil. Ils
ont péri et continueront de braver la tempête
jusqu'au jugement dernier...
Mme Wilfred Arsenault (85) née Françoise
Christie
Bathurst, NB
1976
Université de Moncton, Centre d'études acadiennes,
Fonds Catherine-Jolicoeur, 63.012
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Ma grand-mère, Mrs. Auley Scott, née
vers 1909 et demeurant à Bathurst, a vu un bateau-fantôme
en feu dans la Baie des Chaleurs. Les hommes de l'équipage
tombaient dans la mer et le bateau s'y enfonçait; la
poupe descendait la première et le bateau se tenait
verticalement. Puis il s'enfonçait jusque par-dessus
la poupe et tout disparut.
Carole Scott étudiante à l'Université
du Nouveau-Brunswick
Frédéricton, NB
3 juin 1977
Université de Moncton, Centre d'études acadiennes,
Fonds Catherine-Jolicoeur, 63.012
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Ned Boudreau de Campbellton (NB), me racontait,
en 1948, qu'il avait vu le bateau-de-feu qui se promène
sur la Baie des Chaleurs entre Caraquet et Petit Rocher. On
raconte que c'est un bateau français qui est entré
dans la Baie. L'équipage s'est mutiné, la chicane
a pris et ils ont mis le feu. Après avoir brûlé,
il réapparaît dans la Baie.
Pat Murphr, irlandais d'Irlande, ingénieur
et conducteur du train Edmunston
Moncton
7 avril 1978
Université de Moncton, Centre d'études acadiennes,
Fonds Catherine-Jolicoeur, 63.012
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Les vieux disent que le bateau-fantôme,
c'était un bateau qui transportait des animaux. Dans
une tempête, les animaux se sont noyés quand
le bateau a chaviré. Et ces animaux se sont décomposés
au fond de la mer et c'est le phosphore qui se dégage
de ces corps putréfiés et qui s'allume au contact
de l'air.
Paulette Lévesque (13)
Saint-Quentin (Restigouche), NB
1978
Université de Moncton, Centre d'études acadiennes,
Fonds Catherine-Jolicoeur, 63.012
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L'explication qu'on en donne, c'est que c'était
un bateau qui avait calé et qui revenait en fantôme.
Avant la fin de semaine de l'Action de Grâce vers le
7 octobre 1977, beaucoup de monde ont vu le bateau-fantôme
et ont été impressionné. Ma famille l'a
vu sur la mer, en avant de la maison. Il était en feu
et on voyait des personnes qui marchaient sur le pont. L'apparition
a duré cinq ou six minutes puis tout à coup,
elle s'est comme effondrée dans la mer. On l'appelle
le bateau du mauvais temps parce qu'il apparaît à
la veille d'une tempête, mais quand on le voit, c'est
sur une mer calme. C'était après souper vers
sept, huit heure quand il commence à faire noir. C'était
un feu qui avait la forme d'un bateau.
Gilles Chiasson, originaire de l'Île
Lamèques (Gloucester), NB
Edmundston, NB
1978
Université de Moncton, Centre d'études acadiennes,
Fonds Catherine-Jolicoeur, 63.011
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Mon père m'a raconté que lorsqu'il
était jeune (18 ans), il s'était rendu à
Caraquet avec d'autres jeunes avec l'intention de voir le
bateau-fantôme. Le soir venu, ils se sont assis sur
le rocher, lui, ces amis de Néguac et quelques autres
amis de Caraquet. Ils se disaient : « On va le voir,
c'est toujours à cet endroit qu'on le voit »
montrant la direction.
Ils regardèrent longtemps, mais soudainement
ils le virent apparaître à un différent
endroit non loin. Papa dit que c'était comme du feu
qui sortait de l'eau et après une secousse on pouvait
voir tous les mâts en flammes ensuite le corps du bateau.
Il resta là longtemps et ce bateau semblait s'approcher
du rivage. Donc c'était merveilleux et chacun se disait
ce que ça pouvait dire (signifier).
Ils ont conclu que peut-être que c'était
un bateau noyé qui serait resté au fond des
mers. Le lendemain la mer était en fureur. Peut-être
aussi c'est l'annonce que l'un des pêcheurs de la région
mourra ou périra dans la mer.
Germaine Albert
Tracadie, NB
1977
Université de Moncton, Centre d'études acadiennes,
Fonds Catherine-Jolicoeur, 63.012
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J'ai bien vu quelque chose. Cela m'a paru
comme une lueur avec aucune forme. Je n'ai attendu aucun bruit,
ni de plainte. Seulement une lueur rouge orange sur la mer.
Il paraît que c'était un bateau de pirates qui
avaient enlevé une petite indienne. Une sorcière
leurs a jeté un sort. Ils brûleront éternellement.
D'autres disaient que le bateau apparaissait pour prévenir
les gens d'une grande tempête.
Patrick Thériault (80 ans)
Caraquet, NB
Université de Moncton, Centre d'études acadiennes,
Fonds Catherine-Jolicoeur, 63.011
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