La vie sous toutes ses formes

La vie sur terre revêt mille et une formes. Aucun milieu ne la rebute. Du lichen agrippé aux roches nues de l'Arctique à la colonie d'insectes décomposant le tronc mort d'un arbre, chaque créature joue un rôle dans ce grand écosystème qu'est la Terre. Cette biodiversité se trouve aujourd'hui gravement menacée par les humains. En installant leurs fermes, leurs villes, leurs mines ou leurs usines, ces derniers détruisent de nombreux habitats naturels, intoxiquent plantes et animaux ou exterminent des espèces en les surexploitant. Enfin, ils bouleversent aussi les milieux en y introduisant, accidentellement ou volontairement, des espèces exotiques. Depuis l’arrivée des premiers colons européens en Amérique du Nord, 10 espèces animales et une population de caribou ont disparu et au moins 17 autres espèces ou populations ne se trouvent plus au Canada, surtout en raison de l'activité humaine. Certaines se sont éteintes à jamais, comme le grand pingouin — espèce jadis répandue dans l'Atlantique Nord —, victime d'une chasse impitoyable. De ce grand oiseau autrefois si abondant dans les îles du golfe du Saint-Laurent, il ne reste aujourd'hui que quelques spécimens empaillés. Heureusement, d'autres espèces disparues au Canada existent encore ailleurs et peuvent donc être réintroduites. En 2001, le Comité sur le statut des espèces menacées de disparition au Canada (CSEMDC) a répertorié 212 espèces, sous-espèces ou populations de plantes sauvages ou d’animaux qui étaient menacées ou en voie de disparition et 146 autres qui étaient préoccupantes.

La diversité des espèces suppose la diversité des habitats. À cet égard, le Canada est fort bien doté, car une grande variété de milieux se côtoient sur son immense territoire. Il compte notamment près du quart des terres humides de la planète, la majorité d'entre elles étant situées en Ontario, dans les Territoires du Nord-Ouest, au Nunavut ainsi qu'au Manitoba. Ces milieux jouent un rôle écologique de tout premier ordre : d'une part, ils abritent une flore et une faune extrêmement riches, notamment les oiseaux migrateurs et aquatiques qui viennent s'y reproduire; d'autre part, leur dense végétation contribue à assainir l'environnement en retenant une grande quantité de gaz carbonique et en épurant l'eau. Cependant, l'agriculture et l'urbanisation ont eu raison de la majeure partie des terres humides du Canada méridional. On estime la proportion de terres asséchées à 65 % dans les provinces de l'Atlantique, à 70 % dans le sud de l'Ontario, à 71 % dans les Prairies et à 80 % dans le delta du Fraser. Près de 60 % des espèces qui, selon le CSEMDC, risquent l’extinction sont liées aux terres humides et environ 80 % sont menacées par leur habitat.

Enfin, il importe de veiller à ce que la diversité génétique ne s'étiole pas. Plus une espèce dispose d'un bassin génétique varié, plus elle est apte à faire face aux pressions de l'environnement. Cela s'applique également aux espèces végétales et animales dont la population humaine se nourrit. Or, l'agriculture moderne tend à imposer un petit nombre d'espèces végétales sélectionnées pour leur haut rendement, de sorte que la subsistance de la majorité des humains repose aujourd'hui sur moins de 20 espèces.